Last updated on 30 juin 2022
Les réalisations phares sont :
Modélisation des cliniques des situations limites et extrêmes de la subjectivité et transposition du modèle psychanalytique traditionnel à d’autres terrains de soin

Les travaux concernant cet axe de recherche ont un très fort impact national et international, et ont véritablement fait évoluer les paradigmes de la psychopathologie clinique ces dernières années. De nombreux concepts issus de ces recherches sont maintenant littéralement « passés dans le domaine public » : « situations limites et extrêmes », « problématiques narcissiques-identitaires », « symbolisation primaire » - et plus généralement l’insistance mise sur la symbolisation – « l’homosensualité (ou « homosexualité ») primaire « en double » - et tout le « travail « en double » et en échoïsation - pratiques « en côte à côte », « dispositifs analysants et symbolisants », « séduction narcissique » etc.
En premier lieu, nos recherches portent principalement sur l’évolution de la psychopathologie contemporaine, en particulier sur les situations limites et extrêmes de la subjectivité. L’évolution actuelle de la psychopathologie a pour conséquence de rendre en partie trop limitée, voire inefficace, les modalités traditionnelles de recueil des données cliniques. Sur le plan méthodologique, l’approfondissement de nos recherches fondamentales en psychopathologie, sur les souffrances identitaires et les situations limites et extrêmes nécessite donc à la fois le remodelage des dispositifs de soin traditionnels, et l’invention de nouveaux dispositifs de soin qu’il devient impératif d’explorer pour poursuivre la recherche. Le CRPPC a donc créé de nouvelles méthodes de recherche clinique pour explorer les formes fondamentales de la psychopathologie. Dès lors, la problématique d’ensemble du projet consiste à proposer un remodelage des modèles, pour pouvoir penser ces nouvelles problématiques cliniques et les dispositifs de soin adéquats.

Ces recherches relatives à la psychopathologie contemporaine concernent notamment des pathologies graves du narcissisme et des « situations limites et extrêmes » de la subjectivité, soit les pathologies narcissiques-identitaires (concept proposé par le CRPPC) de sujets en difficulté majeure pour accéder aux processus de symbolisation, comme les cliniques de l’autisme, de la psychose, de la criminalité, les cliniques psychosomatiques... Elles sont étudiées à partir des « situations limites » des dispositifs soignants et c’est pourquoi une recherche fondamentale sur ceux-ci est nécessaire.
Pour rendre compte du fort impact national et international de ces travaux, quelques données suffiront, notamment la réédition de manuels présentant une théorie générale des dispositifs de soin en psychologie clinique psychanalytique et centrés autour de la transposition du modèle psychanalytique traditionnel à d’autres terrains de soin et à d’autres modalités de psychothérapie : par exemple, Le manuel de psychologie Clinique et de psychopathologie Clinique générale, publié chez Masson sous la direction de R. Roussillon, avec des chapitres d’A. Brun, d’A. Ciccone, de M. Ravit, de J. M. Talpin, a été réédité pour la 3ème fois en 2018, le Manuel des médiations thérapeutiques, Dir. Brun, Chouvier, Roussillon, a aussi été réédité aussi en 2018, avec ajout de nouveaux chapitres et est en cours de traduction en portugais et en italien. Ces manuels, au nombre de 9, à destination des étudiants, des chercheurs mais aussi des praticiens, présentent la théorie et la pratique clinique, dans tous types de contextes institutionnels et de problématiques psychopathologiques. Ils ont connu un succès éditorial important sur le plan national, ainsi qu’en Belgique et en Suisse, et nombre d’autres ouvrages du CRPPC sont réédités, par exemple les ouvrages collectifs sous la direction d’A.Ciccone, consacrés aussi à la transposition du modèle psychanalytique sur différents terrains de soin. Sur le plan international, il faut noter des traductions réalisées ou en cours (Italien, Espagnol, Portugais, Roumain, Russe) etc. et de très nombreuses conférences invitées à l’étranger (53), précisément sur ces thématiques.

Médiations thérapeuthiques et approche psychanalytique de la création

Une autre partie des recherches du CRPPC porte sur la conceptualisation d’une métapsychologie des médiations thérapeutiques, anciennes dans l’histoire du soin, notamment dans la psychothérapie psychanalytique des enfants et des psychoses. L’apport novateur du CRPPC consiste à tenter de les modéliser dans une théorisation d’ensemble référée à la théorie psychanalytique et au processus de symbolisation et de proposer une métapsychologie de la médiation, fondée certes sur la métapsychologie freudienne mais aussi sur d’autres types de théorisation dans l’histoire de la psychanalyse. Ces travaux sur les médiations thérapeutiques constituent sur le plan national un des points de repère les plus forts du CRPPC et ils se sont répandus dans de nombreux pays à l’étranger, comme en témoignent les universités étrangères qui travaillent très activement à nos projets sur les pratiques internationales de santé, les médiations thérapeutiques ou sur différents projets articulés autour d’art, soin et créativité (CF Contrats).
Les dispositifs de médiations thérapeutiques mettent particulièrement en jeu les formes de l’associativité affectivo-corporelle. La réédition récente d’un Manuel des médiations thérapeutiques, chez Dunod, témoigne bien de l’impact de nos recherches tant sur les praticiens que sur les étudiants et chercheurs : ces travaux consistent en effet à définir les fondements épistémologiques sous-tendant une pratique des médiations qui puisse être effectivement référée à la métapsychologie psychanalytique.
L’ensemble des travaux de recherche portant sur les médiations thérapeutiques, spécificité notoire du CRPPC, pose les fondements d’une métapsychologie de la médiation et du medium malléable.
Le travail à partir de médiations thérapeutiques permet ainsi de renouveler l’approche de la psychopathologie, notamment des pathologies narcissiques identitaires, et d’éclairer la compréhension des cliniques de l’extrême.
En lien avec ces recherches sur les médiations thérapeutiques, le CRPPC a initié la création d’un réseau international interuniversitaire « Cliniques de la création » (CF Réseaux).

Extension des collaborations du CRPPC avec les universités étrangères

Les liens avec les universités étrangères se sont beaucoup développés dans le cadre des réseaux interuniversitaires internationaux. En savoir plus

Travaux novateurs sur l’évaluation clinique des psychothérapies, individuelles, groupales et institutionnelles

Comment l’équipe du CRPPC en est-elle venue à vectoriser leurs recherches du côté de l’évaluation qualitative, ainsi qu’à défendre l’urgence de développer une évaluation fondée sur l’épistémologie psychanalytique ? Les travaux de recherche sur la mise en place de critères d’évaluation clinique des dispositifs de psychothérapie psychanalytique, dispositifs individuels certes, mais aussi dispositifs de psychothérapie institutionnelle et de médiations thérapeutiques sur lesquels l’attention des chercheurs s’est particulièrement portée, se sont inscrits comme la suite logique des recherches sur la modélisation des dispositifs de soin, Ces recherches sur l’évaluation clinique des psychothérapies référées à l’approche psychodynamique ont été une des grandes nouveautés du quinquennat en cours et elles se sont avérées très heuristiques et fructueuses. Cet axe a déjà publié de nombreux textes, un ouvrage (Prix Evolution psychiatrique 2017), des articles, qui ont été reconnus par la communauté scientifique), et a participé à des projets de recherche de laboratoires internationaux. (CF Axe Evaluation des dispositifs).

Nos travaux visent à élaborer des méthodologies cliniques d’évaluation de dispositifs de psychothérapie psychanalytique selon 5 principes :

  • Premier principe : ne pas proposer une évaluation externe, sur le modèle médical de la médecine fondée sur les preuves, avec le paradigme « La pratique est fondée sur la preuve ». Paradigme inverse : « la preuve est fondée sur la pratique ».
  • Deuxième principe : l’évaluation s’effectue paradoxalement à partir d’un non-savoir des évaluateurs, qui vont partir de l’expérience accumulée par les équipes de soignants et de l’expérience vécue des patients.
  • Troisième principe : éviter un des modes de perversion de l’évaluation dans nos sociétés actuelles : le moyen devient une fin. Dimension « politique » de l’évaluation : méthodologies évaluatives asservies à des logiques financières.
  • Quatrième principe : prise en compte de l’intersubjectivité dans toute évaluation clinique. Déconstruire les oppositions simples entre objectivité et subjectivité, sciences dures et sciences dites molles, entre mesurable et inévaluable. Pas d’évaluation sans sujet et pas de sujet sans besoin de mesure.
  • Cinquième principe : évaluation comme méthode d’exploration avec un objectif de remodelage des paradigmes tant des psychopathologies que des dispositifs. (Interroger spécificité des processus de changements, sérier les processus de symbolisation à l’ouvre dans les psychothérapies avec approche psychodynamique.)

Les EC du CRPPC, ainsi que les jeunes docteurs, ont proposé plusieurs modélisations sous la forme de tableaux (Brun, Roussillon, Attigui Dir., Evaluation des psychothérapies psychanalytiques. Dispositifs individuels, groupaux et institutionnels. 2016) des processus de transformation engagés dans les médiations. À partir de l’exemple de recherches menées avec des équipes engagées dans un soin institutionnel, R. Roussillon et A. Brun (2016, p 183-204) ont aussi tenté de proposer une méthodologie d’évaluation spécifique des formes de psychothérapie institutionnelle.